Carte de Béjaïa

Carte de Béjaïa, anciennement Bougie et Bugia, une ville portuaire méditerranéenne et une commune située sur le golfe de Béjaïa en Algérie ; elle est la capitale de la province de Béjaïa, en Kabylie.

Vue aérienne de Béjaïa.
  • Population : 177 988 hab. (2008)
  • Superficie : 120,22 km2
  • Densité : 1 481 hab./km2

Béjaïa est la plus grande ville de Kabylie et « capitale » de la petite Kabylie. Elle est aussi, grâce à sa situation géographique, le plus important pôle industriel de la région, notamment par la concentration de nombreuses industries, et la présence d’un des plus grands ports pétroliers et commerciaux de Méditerranée. Elle est également dotée d’un aéroport international.

Gravure de la ville de Béjaïa par Jan Vermeyen (1551).

Géographie

La ville est dominée par la montagne Yemma Gouraya, dont on dit que le profil ressemble à une femme endormie. D’autres sites pittoresques à proximité incluent la plage des Aiguades et le Pic des Singes ; ce dernier site est un habitat pour le macaque de Barbarie en voie de disparition , qui avait préhistoriquement une distribution beaucoup plus large qu’à l’heure actuelle. Ces trois caractéristiques géographiques sont situées dans le parc national de Gouraya. Le fleuve Soummam termine son cours à Béjaïa pour se jeter dans la mer Méditerranée.

Économie

La ville est un nœud important pour la Kabylie ; elle sert d’interface entre la mer et la région, et au-delà, pour les Hauts Plateaux. La ville est un carrefour industriel local ; les zones industrielles d’Akbou, de Sétif, et de la ville elle-même trouvent leur débouché par son port.

Cependant la géographie montagneuse de la région et le manque d’infrastructure de qualité sont les principaux freins à l’économie. Par exemple, la ville n’est desservie que par des routes nationales, l’autoroute est en cours de réalisation et doit être progressivement livrée par tronçon à partir de la fin de l’année 2017. Elle bénéficie cependant depuis les années 1960 de l’arrivée d’un oléoduc qui achemine les hydrocarbures sahariens. La ville a quand même réussi à se hisser à un rang important dans l’économie nationale, y compris dans les secteurs autres que pétroliers. L’État algérien a investi au cours des années 1970 dans le pôle industriel de la ville avec des unités de production dynamiques. Cependant plusieurs faiblesses comme le manque d’investissements extérieurs, le manque de circuits pour favoriser l’exportation des productions locales (hors hydrocarbures) et l’absence d’un urbanisme cohérent entravent la croissance économique de la ville. Cet ensemble de facteurs mine le développement de la ville et son potentiel. Le taux de chômage officiel à l’échelle de la wilaya est de 12 % en 2012. Le taux d’activité est de 46,9 % à l’échelle de la commune vers la fin des années 1990 parmi les plus de quinze ans.

Paysage urbain

Centre-ville

Le centre-ville de Béjaïa est composé du quartier colonial et de la vieille ville, la médina, elle-même largement remaniée par les tracés urbains du temps de l’Empire espagnol, puis de l’Algérie française. La vieille ville est adossée au massif du Gouraya ; elle fut marquée par la présence espagnole durant laquelle elle perdit des nombreux édifices médiévaux (comme le palais de l’Étoile hammadide), puis par les aménagements français. Ce secteur ne manque cependant pas d’édifices ou de vestiges, antiques (notamment sur le plan archéologique) ou médiévaux ; les quartiers d’Acherchour, de Karamane et Bab El Louz possèdent encore des maisons mauresques. Mais faute d’entretien, de prise de conscience publique et de classement, l’introduction de matériaux non authentiques (béton, brique…) menace ce patrimoine. Les structures défensives de la ville sont encore présentes dans le secteur de la vieille ville à divers endroits (Bab el Bounoud, muraille hammadide près du port, Casbah…). La partie coloniale de la ville s’illustre notamment par le quartier du front de mer, amputant une partie de la vieille ville, et du port. Inspiré de l’architecture haussmannienne, il comporte également la célèbre place du 1er novembre, encore désignée comme place Geydon.

Quartiers périphériques

Au lendemain de l’indépendance, les développements se font dans la continuité des plans d’urbanisation coloniale et ils conservent les mêmes les mêmes axes. L’extension de Béjaïa, à l’ouest et au sud, est marquée par la construction de nouveaux lotissements à Ighil Ouazoug et de cités étatiques à Sidi Ahmed, du quartier de la Plaine, du boulevard Krim Belkacem et du boulevard des Aurès. Parallèlement à la construction de cités étatiques, des constructions privées gagnent, de manière anarchique, du terrain sur la plaine. L’urbanisation de la zone d’Ihadaden est la plus récente. Sur le territoire de la commune, en périphérie de la ville se trouvent des espaces naturels, comme le parc du Gouraya, ou agricoles, telles que la plaine et la vallée de la Soummam, qui participent de l’originalité du cadre de la ville.

Outre la ville de Béjaïa, la commune administrative de Béjaïa (dont le cadre est plus large que la ville car il comprend même une bonne partie du parc du Gouraya) est composée des localités suivantes : Dar Naceur, P.K. 17, Boukhiama, Ihaddaden, Targa Ouzemour, Ighil Ouazzoug, Bir Slam, Iriyahen Est, Aérodrome, Boulimat, Oued Saket et Amtik Tafat. Ces localités sont plus ou moins éloignées de la ville.

Médina

Le secteur historique de Béjaïa n’est toujours pas défini comme secteur sauvegardé du fait de l’imbrication d’une typologie coloniale dans le tissu de la médina. Les interventions de protection se limitent aux seuls monuments classés au patrimoine national, traduisant des lacunes dans l’approche de la sauvegarde du patrimoine de la ville. La ville de Béjaïa et sa wilaya ne comptent que 17 sites classés ; ce qui est insignifiant au regard de l’immensité du patrimoine de la ville. Les éléments classés ne représentent que les périodes antique (classements coloniaux) et hammadide (classements post-coloniaux). Il y a absence de classement des édifices anciens et importants ayant subi des transformations et des réhabilitations à l’époque coloniale : l’institut Sidi Touati, d’époque hammadide (XIIe siècle) transformé en caserne, le mausolée d’Abou Zakaria, d’époque hafside (XIIIe siècle), transformé en direction de la pêche sur la baie de Sidi Yahia, le fort Abdelkader, la mosquée et la place Sidi Soufi réaménagés à l’époque coloniale.

Les édifices cultuels judaïques du quartier Karamane, antérieurs à la colonisation, ne sont pas inventoriés ainsi que les découvertes archéologiques plus récentes. La priorité donnée au classement d’éléments monumentaux est en contradiction avec les principes des conventions internationales orientées vers la classification d’ensembles urbains (et la définition d’un périmètre à sauvegarder) en incluant les productions mineures. La patrimonialisation sélective d’éléments précis et triés a pour conséquence une mise à l’écart de pans entiers du patrimoine local.

Outre les raisons politiques, l’absence de définition d’un secteur sauvegardé serait due à la superposition de différents styles ; les influences espagnoles et coloniales ayant largement remanié la médina. La loi algérienne prévoit d’inclure des ensembles patrimoniaux homogènes tels que les casbah, les ksours et les agglomérations traditionnelles. Dans le cas de Béjaïa, définir un périmètre impliquerait d’inclure des pans de quartier à la typologie coloniale ou bien, de définir un noyau très restreint. Le patrimoine de la ville est ainsi menacé par la paupérisation, la dévitalisation du noyau historique, l’effondrement des habitations et la perte des significations patrimoniales consécutives au départ de la population ancrée dans le tissu de la vieille ville.

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