Carte du massif du Tibesti, un massif montagneux du Sahara central, situé principalement à l’extrême Nord du Tchad, avec une petite extension dans le Sud de la Libye. Son point culminant, l’Emi Koussi, se trouve au sud du massif et constitue avec 3 415 mètres d’altitude à la fois le plus haut sommet du Tchad et du Sahara. Le Bikku Bitti est pour sa part le sommet le plus élevé de Libye. Le tiers central du massif est d’origine volcanique et se compose notamment de cinq volcans boucliers majeurs surmontés de vastes caldeiras : l’Emi Koussi, le Tarso Toon, le Tarso Voon, le Tarso Yega et le Tarso Toussidé. Les importantes coulées de lave ont formé de vastes plateaux qui surmontent des grès du Paléozoïque. Cette activité volcanique, apparue lors de la mise en place d’un point chaud durant l’Oligocène, s’est prolongée par endroits jusqu’à l’Holocène et se traduit encore par des fumerolles, des sources chaudes, des mares de boue ou encore des dépôts de natron et de soufre. L’érosion a formé des aiguilles volcaniques et entaillé des gorges au fond desquelles coulent des cours d’eau au débit irrégulier qui se perdent rapidement dans les sables du désert.
Le Tibesti, dont le nom signifie « lieu où vivent les habitants des montagnes », est le domaine des Toubous. Ils vivent essentiellement le long des oueds, dans quelques rares oasis où poussent des palmiers et quelques céréales, en exploitant l’eau des gueltas accumulée dans des cuvettes naturelles lors des événements orageux dont la fréquence varie fortement d’une année voire d’une décennie sur l’autre. Les plateaux servent à faire paître les animaux en hiver et à la récolte des graines en été. Les températures sont élevées, même si l’altitude rend le massif moins désertique que le Sahara. Les Toubous, qui sont apparus dans le massif vers le Ve siècle av. J.-C., se sont adaptés à ces conditions et ont fait du massif une forteresse naturelle, qu’ils ont peuplée en plusieurs vagues successives, en s’y réfugiant en temps de conflit et en se diffusant en temps de prospérité, non sans des luttes internes parfois intenses.
Les Toubou sont entrés en contact avec les Carthaginois, les Berbères, les Touaregs, les Ottomans et les Arabes, ainsi qu’avec les colons français qui sont entrés pour la première fois dans la chaîne en 1914 et ont pris le contrôle de la région en 1929. L’attitude des Toubous et la situation géopolitique régionale a compliqué l’exploration du massif et l’ascension de ses sommets, même si l’Allemand Gustav Nachtigal reste depuis 1869 une grande figure en la matière. Les tensions se sont poursuivies après l’indépendance du Tchad et de la Libye, avec prises d’otages et luttes armées, sur fond de conflits sur le partage des ressources naturelles. Cette situation ainsi que le manque d’infrastructures compliquent l’émergence du tourisme.
Même si une flore saharomontagnarde et une faune, dont les représentants sont notamment la Gazelle leptocère et le Mouflon à manchettes, se sont adaptées dans le massif, le climat n’a pas toujours été aussi rude et une plus grande biodiversité a pu exister, comme le prouvent les nombreuses représentations rupestres et pariétales datant de plusieurs millénaires, précédant pour la plupart l’apparition des Toubous. L’isolement du Tibesti a ainsi marqué l’imaginaire culturel, dans l’art et la littérature.
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