La pêche dans le gouvernorat de Sfax
Bénéficiant d’une longue côte sablonneuse et légèrement pentue vers la mer, le gouvernorat de Sfax a été le lieu d’une activité économique importante, à savoir la pêche. En 2010, il a occupé le troisième rang en production totale de la pêche, en s’appropriant de 15486 t des 102065 t produites à l’échelle du pays, soit 15.2%. Il a été légèrement précédé par les gouvernorats de Mednine et de Monastir, produisant respectivement 17.4% et 17.1% de la production nationale. Mais à l’échelle de certaines activités de pêche, le gouvernorat de Sfax occupe avec mérite la première place, à savoir la pêche au chalut qui a cumulé 37.5% de la production nationale en 2010. La pêche côtière reste néanmoins secondaire puisque le gouvernorat de Sfax n’en cumule que 18.5% de la production nationale, contre plus de 37% au gouvernorat de Mednine. Les autres types de pêche (thons, poissons bleus, aquaculture…etc.) sont limités davantage et ne produisent à l’échelle nationale que 3.6%, même si le gouvernorat de Sfax occupe la première place en production du thon, avec 45% de la production nationale.
Malgré son importance, la pêche au chalut a reculé au cours des dernières décennies, comme tous les autres produits de la mer. En effet, les produits de la mer ont diminué en 22 ans (entre 1989 et 2011) d’environ 34000 tonnes à 17704 tonnes. La proportion des pêches au chalut y ont diminué respectivement de 55% en 1989 à seulement 30% en 2011. La réduction de la pêche n’a pas été suivie par une réduction du nombre de flottilles et de postes d’emploi, puisque le gouvernorat de Sfax occupe encore la première place en ces deux piliers de l‘activité de pêche, avec respectivement 32.8% et 33.7% du total national.
Le nombre gigantesque de flottilles et de postes d’emploi a engendré une pression croissante sur les ressources marines, obligeant les pêcheurs à multiplier leurs sorties en mer et à négliger les lois en vigueur, en pratiquant le chalutage à moins de 50 m de profondeur et en utilisant des filets illégaux, afin de maintenir une production de moins en moins abondante. En comparant la production de 2010 et de 2011 on s’aperçoit du danger imminent qui touche l’avenir de cette importante activité économique. En effet, en une seule année les produits de mer acquis ont augmenté de 14% contre une augmentation des flottilles de seulement 3.4%, ce qui implique une brusque activité des pêcheurs, en grande partie des amateurs, surtout avec une absence quasi-totale des contrôles qui a suivi la révolution du 14 janvier 2011. A cet égard, pour protéger les activités de pêche et leur rendre leur prospérité perdue, les autorités nationales et locales doivent intervenir pour appliquer rigoureusement les lois en vigueur, voire les actualiser, arrêter pour quelques années la progression de la flottille et améliorer les conditions environnementales des côtes de la région.
Enfin, il nous parait nécessaire de mettre en évidence les caractéristiques spatiales de la production de pêche et de la flottille au gouvernorat de Sfax. Sur une production totale de 17704 tonnes en 2011, le port de Sfax récolte 10562 t, soit 60% du total. Le port de Sfax constitue à la fois un port de pêche principal et un port de commerce. Il est suivi de loin par les ports de Kerkennah, composés de 3 principaux ports de pêche (Kraten, Attaya et Sidi Fraj) et un port de commerce (Sidi Youssef), et qui ne produisent que 14% de la pêche totale du gouvernorat. L’activité de pêche au port de Sidi Mansour est quasi-nulle, puisqu’il ne produit en 2011 que 64 tonnes, soit 0.4%.
La répartition de la flottille de pêche n’est pas proportionnelle à la production puisque le port de Sfax qui produit 60% de la pêche n’abrite que 15.4% de la flottille. En revanche, les ports de Kerkennah qui ne produisent que 14% de la pêche abritent 52% de la flottille. Ainsi, les ports de la production de la pêche ne sont pas forcément les ports de la distribution à la consommation. Ces derniers caractérisent la métropole de Sfax et les grandes villes côtières (Port de Skhira, de Mahrès et d’Ellouza).
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