Les ressources en eau dans le gouvernorat de Sfax

Carte des nappes phréatiques dans le gouvernorat de Sfax.

Les ressources en eau dans le gouvernorat de Sfax

La pénurie des ressources en eau dans le gouvernorat de Sfax constitue une entrave au développement socio-économique. En effet, les quantités d’eau ramenées du Centre-ouest (Sbeïtla, Jelma) et du Nord n’ont pas suffit pour couvrir le déficit en eau dans le gouvernorat. Les principales raisons de cette pénurie en eau se partagent entre deux catégories, physiques anthropiques :

• Un climat aride caractérisé par des pluies faibles de l’ordre de 200 mm/an et des températures élevées (moyenne annuelle de l’ordre de 18°C).
• Des terrains meubles à faible pente favorisant l’infiltration et limitant la mobilisation des eaux de ruissellement. Cette mobilisation atteint à peine 50% des 45 Mm³ d’eau ruisselée chaque année.
• Une forte pression anthropique sur le milieu, traduite par des densités populaires importantes, notamment au Grand Sfax.
• La surexploitation des nappes phréatiques et profondes, allant parfois à une exploitation de trois fois le volume des ressources (exemple le volume exploité de la nappe phréatique de Djebeniana est de l’ordre de 9.3 Mm³ contre 3.3 Mm³ de ressources). Les ressources en eau surexploitées sont parfois remplacées par les eaux marines, menaçant ainsi la qualité des eaux de la région. Les ressources en eau phréatiques peuvent être aussi contaminées par le retour des eaux d’irrigation et de pompage intensif, provoquant une forte salinisation (Trabelsi R. et al., 2005).

La source principale des eaux de surface consistent essentiellement en eaux de ruissellement évaluées, comme signalé ci-dessus, à 45 Mm³/an, dont environ 50% mobilisables. Cette mobilisation a été effectuée grâce à un réseau de lacs collinaires répartis dans plusieurs délégations du gouvernorat. En 2009, 16 lacs collinaires se répartissant sur 8 délégations ont permis la mobilisation de 2.2 Mm³ d’eau, soit 95% de la capacité totale de rétention.

Les formations quaternaires du gouvernorat de Sfax logent quinze nappes phréatiques dont leurs ressources en eau varient d’une région à une autre. Sept des quinze nappes phréatiques ont des ressources importantes (Bir Ali-Ouadrane, Sfax-Aguareb, Skhira, Djebeniana, Mahrès, Chaffar et El Hancha). Elles stockent seules environ 30 Mm³ des 39.28 Mm³ de tout le gouvernorat, soit 75% des ressources aquifères de la région. Le reste des nappes phréatiques (El Amra, Sidi Salah, Kerkennah, Medalia, Bouthadi, Boujmal, Bechka-Hadj Kacem et Mchiguigue) représentent des caractéristiques quantitatives et qualitatives médiocres.

Les ressources en eau des nappes phréatiques du gouvernorat de Sfax sont exploitées pour des besoins domestiques, agricoles et industriels et ceci grâce à 13738 puits. Ce nombre important de puits explique la surexploitation des nappes phréatiques de la région. En effet, en 2011 les volumes en eau exploités sont de l’ordre de 53 Mm³, alors que les ressources n’ont pas dépassé à la même date 39 Mm³. Le rapport Exploitation/Ressources est de l’ordre de 1.36 pour tout le gouvernorat, indiquant une surexploitation générale des nappes phréatiques du gouvernorat de Sfax. Ce rapport s’accentue davantage pour la nappe d’El Hancha (2.07), la nappe d’El Amra (2.48) et la nappe de Djebeniana où la surexploitation est maximale (2.77).

Les ressources en eau de la nappe profonde du gouvernorat de Sfax (200m à 600m de profondeur) ont été estimées à 25.5 Mm³, dont 24.61 Mm³ ont été exploitées en 2011, soit 96.5%. Les ressources en eau exploitées ont évolué de 17 Mm³ en 1993 à 24.61 Mm³ en 2011. La nappe profonde du gouvernorat est exploitée par 58 puits, dont 14 artésiens et 44 pompés. Ces 58 puits profonds sont exploités comme suit : 12 puits pour l’eau potable, 32 pour l’irrigation et 14 puits pour l’industrie.

Une nappe de moyenne profondeur (70 à 200m) a été découverte récemment, dont les ressources en eau sont estimées à 11.3 Mm³. Cette nappe est exploitée par des agriculteurs privés, grâce à 115 puits équipés, ayant une capacité d’exploitation totale de l’ordre de 2.3 Mm³ (CRDA Sfax, 2013)