L’agriculture dans le gouvernorat de Kairouan
Répartition des terres selon la vocation dans le gouvernorat de Sfax
La quasi-totalité des terres dans le gouvernorat de Sfax sont agricoles. En 2011, les terres agricoles s’étendent sur 636840 ha, soit plus de 90% de la superficie totale du gouvernorat. Les 67160 hectares (9.54%) qui restes sont des terres incultes et consistent essentiellement en des sebkhas et des espaces bâtis. Les terres cultivables s’étendent sur 81% des terres agricoles, contre 17.6 % pour les parcours et un couvert forestier quasi-absent (0.9%) et concernant essentiellement la délégation d’Agareb.
La répartition des terres agricoles par délégations favorise l’ouest et le sud du gouvernorat, où la proportion des terres agricoles dépasse souvent les 95%. Au reste du gouvernorat, cette proportion diminue au profit des terres non agricoles, notamment les zones urbaines qui s’étendent plus au Grand Sfax et couvrent entièrement certaines délégations (Sfax ville et Sfax ouest). En général, la vocation des terres favorise les grandes superficies agricoles ce qui constitue, sous d’autres conditions, des atouts pour une agriculture prospère et productive. Mais, les conditions bioclimatiques et pédologiques défavorables sont déterminantes dans cette agriculture relativement peu productive et
attirant de moins en moins la population active.
L’exploitation des terres agricoles est relativement élevée au gouvernorat de Sfax. En 2011, 469893 ha ont été exploités, soit 73.8% de la superficie totale des terres agricoles. Ces terres exploitées sont en majorité couvertes d’arboricultures (433210 ha soit 92.2%). Le reste est partagé entre les céréalicultures (4.9%), les maraîchages (2.1%) et les fourrages (0.8%) (Tableau 36). Si l’on va plus loin, en comparant les différentes délégations, Menzel Chaker inclut 131135 ha des terres agricoles exploitées, dont 130320 ha cultivées en arboricultures, soit 99.4%. Les fourrages, en majorité irrigués, concernent plutôt Djebeniana (32.6%), Tina (29.5%) et Mahrès (14.2%). Ils sont très limités dans les délégations occidentales, où s’étendent les parcours, assurant une alimentation moins couteuse pour le bétail.
Régné par un climat aride, le gouvernorat de Sfax présente des aptitudes culturales des sols en majorité moyennes à très faibles. Les sols ayant des aptitudes élevées à l’arboriculture en sec sont très limités en superficie. L’aptitude moyenne concerne essentiellement les délégations du centre-ouest (Menzel Chaker, Bir Ali Ben Khelifa et Agareb), où l’extension de l’arboriculture en sec est exceptionnelle, notamment la culture de l’olivier suivie de loin de l’amandier. En revanche, l’aptitude culturale des sols est en majorité très faible à nulle au sud du gouvernorat, notamment Skhira, Ghraiba et Mahrès, où les arboricultures sont relativement moins étendes.
Occupation du sol
L’occupation des sols est enfin très dépendante la répartition des terres selon la vocation et des structures agraires. En effet, la carte de l’occupation des sols est dominée par l’oliveraie qui cède la place aux vergers, notamment les amandiers, en s’approchant de la ville de Sfax. Au second rang s’étendent les parcours et les grandes cultures qui s’étendent essentiellement au sud et à l’ouest du gouvernorat (Skhira, Bir Ali Ben Khelifa et Manzel Chaker). Les terres non agricoles (sebkhas, garaas, espaces bâtis) sont limitées et apparaissent aux périphériques de la carte. En fin, les cultures maraichères occupent des superficies négligeables et s’étendent à Djebeniana en particulier.
Périmètres irrigués
En 2011, une superficie totale de 11731 ha de terres agricoles a été irriguée, grâce à 13700 puits superficiels et 58 artésiens. Cette superficie irriguée est en majorité privée, avec 10201 ha (87%) contre seulement 1530 ha publics (13%). Les quatre délégations de Djebeniana, de Skhira, d’El Mahrès et d’El Amra s’en approprient de 7784 ha, soit environ les 2/3 (66.4%). En comparant les périmètres irrigués de 2011 avec ceux de 2009, l’évolution à l’échelle du gouvernorat est peu significative (+3.8%), avec une évolution légèrement plus importante pour les périmètres irrigués privés (+3.2% pour les publics et +3.9% pour les privés). Mais à l’échelle des délégations, l’évolution est très variable, allant de -23.5% (Kerkennah) à +19% (Sfax sud). Les délégations ayant des traditions en agriculture irriguée n’ont pas connu des évolutions si contrastées. Les conditions d’insécurité qui ont suivi la révolution du 14 janvier 2011 ont certainement influencé l’extension des périmètres irrigués et leur évolution.
Agriculture biologique
Introduite au gouvernorat de Sfax en 2000, l’agriculture biologique est une activité récente mais prometteuse. Elle s’est étendue au cours de 10 ans sur 70200 ha, en majorité occupés par les oliviers (45140 ha, soit 64.3%). Les parcours occupent la seconde place et couvrent 23720 ha, soit 33.8% de la superficie biologique totale. Les autres activités culturales sont limitées et ne dépassent pour certaines quelques hectares (céréalicultures et maraîchages).
Les productions biologiques sont aussi limitées et ne sont considérables que pour les oliviers qui s’étendent en 2010 sur 33 exploitations, totalisant 45140 ha. Ces 33 exploitations produisent 25000 tonnes d’olives et 5000 tonnes d’huiles d’olive. La production biologique animale a été estimée en 2011/2012 à 50 têtes bovines, 1000 têtes ovines, 15000 poulets et 50 ruches (CRDA, 2010).
La production végétale
La production végétale se partage entre les arboricultures, les maraîchages, les céréalicultures et les fourrages. La production fruitière (arboricultures) a été estimée en 2011 à 82040 t, en majorité des olives 70000 t (85.3%), suivis d’amandes 9000 t (10.8%) et des autres vergers 3040 t (3.9%). Sa répartition spatiale par délégations est en faveur de Menzel Chaker, de Bir Ali Ben Khelifa et d’El Ghraiba, totalisant ensemble 35960 t, soit 43.8% de la production fruitière totale. Ce qui attire l’attention dans la carte de la production fruitière de 2011 est l’extension considérable des oliviers à l’arrière-pays de Sfax, mais en s’approchant de la métropole ces oliviers cèdent progressivement la place aux amandiers. Ainsi, le rapport amandiers/oliviers s’élève aux délégations qui couronnent le Grand-Sfax (El Amra, 0.4 ; El Hancha 0.3 ; Agareb 0.2) et atteint son maximum autour de la ville (Sfax sud, 4 ; Sakiet Ezzit 0.7 ; Sakiet Eddaier 0.5). La production fruitière a connu une régression importante entre 2009 et 2011 estimée de -60%. Cette régression a touché toutes les délégations, à l’exception de Tina qui a enregistré une évolution positive de 18.1%. Les cultures maraichères ont a leur tour enregistré une petite régression de -6.7% entre 2009 et 2011, ont passant de 278725 t à 260058 t (Tableau 64). Les trois délégations de Mahrès, de Djebeniana et de Skhira ont produit ensemble plus de 170000 t, soit 65.7% de la production totale de légumes.
Contrairement aux arboricultures et aux maraichages, les fourrages et les céréalicultures ont connu entre 2009 et 2011 une évolution positive importante, voire exceptionnelle. En effet, les fourrages ont évolué de 28.6% en passant de 83750 t en 2009 à 107690 t en 2011, alors que les céréales ont presque triplé (193.1%) en passant de 25020 q à 73335 q, suite à une année agricole 2010-2011 relativement pluvieuse. Les deux délégations de Djebeniana et de Tina sont les plus productrices en fourrages (respectivement 31.7% et 30.8%), contre Skhira et Bir Ali Ben Khelifa en céréales (respectivement 27.4% et 25.1%).
Le gouvernorat de Sfax est bien connu par sa forêt d’oliviers qui s’étend sur des centaines de milliers d’hectares (336000 hectares en 2011). Cette forêt produit annuellement des quantités considérables d’huiles d’olive, destinées en bonne partie à l’exportation (en 2009, la valeur de l’exportation a atteint plus de 533 millions de dinars). En 2011, la quantité d’huiles d’olive totale stockée a atteint environ 100000 tonnes. Cette quantité a été transformée grâce à 397 huileries, dont 173 traditionnelles, 98 de chaines continues, 68 de haute pression et 58 mixtes. Ces huileries ont ensemble une capacité de transformation totale de 10767 tonnes/jour.
La répartition spatiale de la production d’huiles d’olive en 2011 montre que la bonne partie des huiles est stockée au Grand Sfax (environ 70000 t, soit 70%), contre 30% seulement pour le reste du gouvernorat. Pourtant, le Grand Sfax ne produit que 7.7% des olives (5420 t des 70000 t en 2011), contre 92.3% au reste du gouvernorat. Ainsi, les lieux producteurs d’olives ne stockent qu’une mineure partie des huiles d’olive transformés, ce qui prive ces lieux marginalisés d’un nombre potentiel important d’heures de travail.
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