Agriculture dans le Gouvernorat de Gabès

Carte des aptitudes culturales des sols (arboriculture résistance en irrigué) du gouvernorat de Gabès.

Agriculture dans le Gouvernorat de Gabès

Malgré la baisse de la part de la population occupée dans l’agriculture, cette activité reste fondamentale dans l’économie du gouvernorat de Gabès. Elle est aussi importante malgré les contraintes du milieu naturel et plus précisément de l’aridité qui réduit les possibilités de l’agriculture en sec et restreint l’espace agricole à des superficies limitées. L’élevage extensif, sur d’immenses terrains de parcours, est la plupart du temps, la seule activité pouvant engendrer des revenus pour de nombreuses populations.

Sur une superficie totale de 716626 ha, la superficie agricole utile (SAU) s’étend sur 599262 ha (soit 83,6%) et ce, en raison de l’étendue des terres non agricoles sur 117364 ha (16,4% de la superficie totale). La délégation d’El Hamma contient la plus grande superficie agricole utile (32,8% du total). Elle est suivie par les deux délégations de Mareth et Menzel El Habib qui réunies, disposent de 32,3% de la SAU totale. Les autres délégations d’étendue supérieure à 30000 ha sont Matmata, Matmata Nouvelle et El Métouia. En somme, les plus grandes étendues de terres agricoles se situent dans les délégations intérieures. Les délégations du littoral, à l’exception de Mareth et El Métouia, ont des superficies agricoles réduites tant par leurs superficies limitées que par l’étendue des espaces urbains qu’elles contiennent (les trois délégations de Gabès et celle de Ghannouch).

Avec 169600 ha, les terres potentiellement cultivables ne représentent en réalité qu’une faible part de la SAU (28,3%) et ce, en raison de l’étendue des parcours sur de très grandes superficies (416600 ha) qui représentent 69,5% de la SAU et dont 176000 ha (soit 42,2% de l’ensemble des parcours) sont dans la délégation d’El Hamma. La carte des aptitudes culturales des sols aux parcours montre l’ampleur des étendues et permet de relativiser cette importance en tenant compte de la qualité des sols.

Si en moyenne, les terres agricoles ne représentent que 28,3% de la SAU et 23,7% des terres, dans la partie orientale du territoire qui représente le territoire le plus densément peuplé et exploité, la part des terres agricoles est plus importante. Elle atteint 73,7% dans la petite délégation de Ghannouch, et varie entre 56,7% (Mareth) et 33% (El Métouia) dans les autres délégations orientales. La délégation de Matmata Nouvelle fait partie de cet ensemble avec une part des terres agricoles égale à 40,7%. Les plus faibles parts se trouvent dans les délégations occidentales et varient entre 23% dans la délégation de Menzel El Habib et 5,9% à Matmata. La délégation d’El Hamma fait partie de cet ensemble avec une part des terres agricoles égale à 8,3% et ce, en raison de l’immensité des terrains de parcours sur des sols d’aptitude aux parcours très faible à nulle.

Sur les 169600 ha de terres cultivables, en 2007-2008 seuls 104 894 ha ont été réellement exploités. Les terres consacrées à l’arboriculture s’étendent sur 08888 ha (soit 76,3%) et sont en majorité occupées par l’olivier qui couvre 57000 ha (soit 71,25%). Le reste des terres arboricoles est occupé par les dattiers (6600 ha), les amandiers (6000 ha) et les grenadiers (2700 ha).

Si les cultures céréalières sont caractéristiques de la plupart des délégations, elles sont concentrées dans une proportion de 52,5% dans les deux délégations de Mareth et Menzel El Habib. Les deux délégations de Matmata et Matmata Nouvelle abritent 31,9% des terres céréalières. Les cultures de légumineuses, tout en étant assez réduites (1,6% des terres agricoles) sont à 60% concentrées dans les deux délégations de Matmata Nouvelle et Mareth. Les cultures de légumes, typiques des zones oasiennes couvrent près de 9% des terres agricoles et se concentrent à Mareth (38,2%), El Métouia (20,1%), El Hamma (16,2%) et Gabès Sud (12,7%). L’arboriculture est fortement concentrée dans la délégation de Mareth qui abrite seule 43,8% des terres arboricoles concentrées en majorité aux oliviers, aux grenadiers et aux amandiers.

Structures agraires

En 2004-2005, les exploitations agricoles recensées dans l’enquête sur les structures des exploitations agricoles
couvraient 256500 ha et concernaient 23001 exploitants, dont 957 sans terre (4,16% des exploitants). Les
exploitations de taille inférieure à 5 ha représentaient 7,64% de la superficie et 47,25% des exploitants. Les
exploitations de taille comprise entre 5 et 10 ha s’étendaient sur 11,46% de la superficie et concernaient 18,27%
des exploitants. Les exploitations de taille moyenne (de 10 à 50 ha) sont aussi marquées par une distribution
déséquilibrée entre les superficies (47,21%) et les exploitants (26,3%). Enfin, les plus grandes exploitations (50
ha et plus) exploitées par 4% des exploitants, couvrent le tiers de la surface.

La répartition spatiale de ces structures agraires est le résultat des facteurs variés qui conditionnent la vie agricole. La carte montre une distribution des exploitations de petite et moyenne taille (celles de moins de 5 ha et celles de superficie comprise entre 5 et 10 ha) dans les zones de culture intensive des oasis et des jessours et des terres fertiles qui en sont proches (délégations de Gabès Ouest, Gabès Sud, El Métouia, Ghannouch, Mareth, Matmata
Nouvelle et Matmata).

Les exploitations de taille moyenne (10 à 50 ha) caractérisent essentiellement les terres céréalières des deux délégations de Menzel El Habib et El Hamma. Les exploitations de plus grande taille (de plus de 50 ha) couvrent des superficies assez limitées de la délégation de El Métouia et de l’ouest de la délégation d’El Hamma.

Occupation du sol

La carte de l’occupation des sols représente la répartition spatiale des terres et des spéculations agricoles. Le territoire est partagé entre deux grandes parties : l’une consacrée aux parcours et qui s’étend à l’ouest du territoire et l’autre qui s’étend à sur les plaines orientales de l’Aradh et de la Jeffara. C’est cette partie orientale qui contient les terres agricoles et se compose de terres de parcours, de cultures annuelles et fourragères sur d’assez grandes superficies. Le reste est occupé par l’arboriculture fruitière et les cultures maraîchères dans les oasis.

Les jessours constituent un mode d’occupation des sols caractéristiques des hautes terres des Monts de Matmata et exploitent les maigres potentialités pédologiques et hydrologiques que retiennent ces « barrages » traditionnels.

L’extrait de la carte de l’occupation agricole du sol focalisé sur le secteur Nord du gouvernorat, permet de mieux visualiser la géographie agricole du gouvernorat. Dans un océan de terres de parcours, les zones de culture intensives s’y limitent aux oasis de Gabès, Chenini, Nahal, Teboulbou, Ghannouch, El Métouia et Oudhref et aux périmètres irrigués qui se trouvent dans les environs des oasis traditionnelles et dans la zone de Chenchou (délégation d’El Hamma).

Périmètres irrigués

Même si les périmètres irrigués (avec 15013 ha en 2007-2008) ne représentent que 8,85% des terres agricoles, leur importance dans l’agriculture ne cesse de s’accroître, en production, en productivité et en emploi. Les efforts des divers acteurs, publics et privés, tendent à renforcer les capacités et les potentialités existantes, en 2010, les périmètres irrigués couvrent 16161 ha. Les périmètres publics (sans les oasis) qui s’étendent sur 4733 ha, représentent 29,56% de l’ensemble des périmètres et s’ils se distribuent sur l’ensemble du gouvernorat, c’est dans la délégation d’El Hamma que les périmètres publics couvrent la plus grande superficie avec 1089 ha à Chenchou (575 ha), El Magsem (218 ha), El Grii (135 ha).

Les périmètres privés (hors oasis) couvrent 4300 ha soit 26,6% de l’ensemble des périmètres irrigués. Ils sont en majorité concentrés dans les délégations de El Métouia (1700 ha), Mareth (950 ha), Gabès Sud (730 ha) et El Hamma (700 ha).

En 2010, les oasis couvrent 6978 ha dont les plus grandes superficies se concentrent dans les délégations de Mareth (2007 ha) et El Hamma (1813 ha). Les autres oasis se distribuent entre les délégations de Gabès Sud (923 ha), Ghannouch (782 ha), Gabès Ville(569 ha), El Métouia (540 ha) et Gabès Ouest (344 ha).

Productions

La production végétale est marquée par la distribution des terres agricoles entre les diverses spéculations. En 2007-08, les olivettes ont produit 17000 t d’olives à huile et 3445 t d’huiles. La production fruitière est caractérisée par la production des grenades (26000 t), des dattes (20000 t), des pommes (2050 t), des abricots (1050 t), des raisins (375 t), des amandes (350 t), des agrumes (320 t), des poires (100 t).

La production de légumes est assez diversifiée et s’étend sur l’ensemble de l’année grâce à l’irrigation, elle est évaluée, pour la saison 2007-2008 à 316000 t dont 39,8% de légumes d’hiver, 38% de légumes d’été, 16,13% de primeur et 3,7% de légumes de fin de saison.

Pour 2007-2008, les cultures fourragères ont livré 198640 t de fourrage d’automne et 97800 t de fourrage de printemps et les cultures de légumineuses fournissent des fèves (12500 t), des petits pois (17850 t). Les cultures industrielles sont spécialisées dans la production de henné (1530 t) et de tabac (300 t).

La production céréalière est dominée par la production de l’orge (13230 q, dont 53% d’orge en sec avec un rendement faible (3,07q/ha) par comparaison au rendement de l’orge irrigué (30 q/ha). La production de blé dur est aussi limitée dans sont rendement (1,31 q/ha) et dans les quantités produites (8155 q). La production de blé tendre a été de 1610 q (avec un rendement de 0,57 q/ha).

La production animale est la résultante de la composition du cheptel. L’élevage ovin (184000 têtes) et caprin (80000 têtes) reste le mode prédominant et il livre les plus grandes quantités de viande : ovine (4455 t) et caprine (1900 t). L’élevage camelin est restreint à un cheptel de 1400 têtes et à une production de viande de 400 t. L’élevage bovin, avec 7850 têtes est une activité qui livre 30000 t de lait et 1475 t de viande. Malgré les progrès réalisés, l’aviculture moderne est encore réduite (460600 têtes de volailles à viande qui produisent 690 t de viande et 90000 têtes de volailles pondeuses qui produisent 15 millions d’œufs).