Lorsque Chypre devient une république indépendante du Royaume-Uni en 1960, sa population se répartit en deux communautés principales : la communauté Chypriote grecque et la communauté Chypriote turque (minoritaire). Or, par le traité de garantie signé la même année, le Royaume-Uni, la Turquie et la Grèce deviennent les États garants de l’équilibre constitutionnel de l’île, ce qui octroie, sous certaines conditions, un droit d’intervention militaire aux trois puissances garantes pour rétablir l’ordre constitutionnel si celui-ci venait à être bousculé.
Pendant la dictature des colonels qui se met en place en Grèce, de nombreux opposants politiques se réfugient à Chypre. Le 15 juillet 1974 la Garde nationale dirigée par des officiers grecs lance une tentative de coup d’État contre le président chypriote, l’archevêque Makários, avec l’aide du groupe paramilitaire chypriote grec de l’EOKA B ; leur objectif commun est de réaliser l’Énosis, c’est-à-dire l’unification de Chypre à la Grèce.
Le 20 juillet, la Turquie intervient militairement en évoquant la protection des intérêts de la communauté turque de l’île (alors 18% de la population chypriote) et le rétablissement de l’ordre constitutionnel. En parallèle, le Conseil de sécurité des Nations unies vote la résolution 353 demandant le « retrait sans délai du territoire de la République de Chypre de tous les militaires » ; cette résolution concerne principalement les forces grecques positionnées sur l’île et dont l’ONU suspecte l’implication ; la Turquie fait alors valoir l’article 4 du traité de garantie afin de légitimer son intervention unilatérale, tout en évitant une confrontation directe avec la Grèce qui fait également partie de l’OTAN.
L’invasion turque de Chypre, également connue sous les noms de code opération Attila et opération paix pour Chypre (en turc : Atilla Harekâtı ou Kıbrıs Barış Harekâtı), est l’offensive militaire des forces armées turques lancée le 20 juillet 1974, qui a conduit à l’occupation par la Turquie de 38 % du territoire chypriote, et à la partition de celui-ci.
Négociations et maintien de la paix
Les forces de l’UNFICYP, agissant sous mandat de l’ONU, ont été mises en place, dès 1964, pour prévenir toute poussée de violence entre les deux communautés. En 1974, à la suite des opérations militaires turques, une « ligne verte » (« ligne Atilla » pour les Turcs), constituant une zone démilitarisée et une barrière physique entre les deux entités sépara l’île de Chypre, et sa capitale Nicosie.
Déclaration de la République turque de Chypre du Nord
En 1983, l’Assemblée chypriote turque a déclaré l’indépendance de la République turque de Chypre du Nord. Immédiatement après cette déclaration, la Grande-Bretagne a convoqué une réunion du Conseil de sécurité des Nations Unies pour condamner la déclaration comme étant « juridiquement invalide ». La résolution 541 (1983) du Conseil de sécurité des Nations Unies a considéré que « la tentative de création de la République turque de Chypre du Nord est invalide et contribuera à une aggravation de la situation à Chypre ». Elle a ajouté qu’elle «considère la déclaration susvisée comme juridiquement invalide et demande son retrait».
Situation actuelle
À la suite d’une série de négociations entre mai et septembre 2008, les dirigeants chypriotes grecs et turcs se sont engagés sous l’égide des Nations unies à résoudre point par point les problèmes liés à la spécificité chypriote. S’engageant à suivre les paramètres établis par les Nations unies, Dimítris Khristófias et Mehmet Ali Talat ont mis conjointement en place six groupes de travail et sept comités techniques portant sur des questions spécifiques.
Les dirigeants chypriotes grec et turc ont rencontré le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon, le 18 novembre 2010 à New York, où ils ont étudié divers points dans une réunion tripartite ; notamment sur la question des propriétés foncières et l’ouverture de nouveaux points de passages dans la ligne verte. Ces négociations viseraient à terme la réunification de Chypre, sous un système fédéral bicommunautaire où chypriotes grecs et turcs seraient égaux en droit et en pouvoir ; comme envisagée dans le plan Annan, la résolution des différends aboutirait à une théorique République chypriote unie ou entité supra communautaire, basée sur le modèle de la Suisse, où les deux parties auraient une réelle autonomie et une représentation politique paritaire.
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