Période soviétique du Caucase
À la suite de la guerre civile russe, les bolcheviks prennent le pouvoir dans le Nord-Caucase et forment une République soviétique du Kouban et de la mer Noire qui combat la République démocratique fédérative de Transcaucasie, à tendance socialiste modérée, qui proclame son indépendance le 24 février 1918 avant de donner naissance à trois nouveaux États : la République démocratique de Géorgie le 26 mai, la République démocratique d’Arménie et de la République démocratique d’Azerbaïdjan le 28 mai. Les bolcheviks combattent ces républiques trop « bourgeoises » pour eux, et mettront deux ans à les soviétiser : la République socialiste soviétique d’Azerbaïdjan est proclamée le 28 avril 1920, la République socialiste soviétique d’Arménie le 29 novembre de la même année, et la République socialiste soviétique de Géorgie le 25 février 1921. Du 12 mars 1922 au 5 décembre 1936, elles sont regroupées au sein de la République socialiste fédérative soviétique de Transcaucasie, membre de l’Union soviétique.
À la fin de l’année 1936, la Transcaucasie est dissoute, laissant à nouveau place aux trois républiques soviétiques géorgienne, arménienne et azérie. De juillet 1942 à janvier 1943, au nord du Caucase, les forces allemandes visent le pétrole de Bakou, pour alimenter l’appareil de guerre nazi proche de la pénurie. Cette offensive ne parvient pas à entrer en Transcaucasie (symboliquement, des alpinistes nazis hissent leur drapeau sur le mont Elbrouz) mais Staline et le NKVD pensent que les services secrets de l’amiral Wilhelm Canaris pourraient avoir infiltré certains peuples du Caucase du Nord, prêts à collaborer avec l’Allemagne pour s’émanciper du joug russe. À titre préventif, un million et demi de personnes sont donc déportées en masse vers les steppes de l’Asie centrale. Ces « peuples punis » n’ont été réhabilités qu’en 1956 par Khrouchtchev, qui les autorise à rentrer au pays, dans des régions alors désertifiées ou peuplées par d’autres ethnies qui ont entre-temps repris les terres. Peu avant la disparition de l’URSS, Moscou a reconnu le caractère diffamatoire, illégal, criminel et génocidaire des déportations staliniennes.
De la fin de la Seconde Guerre mondiale à l’effondrement de l’empire soviétique, les pays du Caucase suivent l’histoire de l’URSS. Entre la mort de Staline et la chute de l’URSS, la région connut un calme relatif ponctué de courtes crises qui venaient rappeler à chaque décennie l’équilibre précaire de la région. Des émeutes eurent lieu en Tchétchénie en 1957, à la suite de l’opposition de la population aux installations pétrolières qui dégradaient la qualité de l’environnement. Ce mouvement cachait mal l’hostilité grandissante de la population à l’égard de la présence soviétique et le peu de bénéfice que les Tchétchènes tiraient de la production et du transit d’hydrocarbures sur leur territoire. En 1978, la Géorgie fut secouée par des manifestations massives d’étudiants et de citoyens qui contestaient le projet de Brejnev de priver le géorgien de son statut de langue d’État de la république de Géorgie : cette réforme maladroite avait alors enflammé les passions identitaires, et ce feu ne s’éteindra plus jusqu’à l’indépendance de la Géorgie, une décennie plus tard. L’Abkhazie demanda également pendant cette période post-stalinienne son rattachement à la République socialiste fédérative soviétique de Russie pour faire la jonction avec les Abkhazes de Transcaucasie. Le terrain était préparé pour une rupture : en filigrane s’exprimait l’appel, de plus en plus pressant, des nationalismes et des revendications identitaires. La chute de l’URSS allait leur permettre de s’exprimer.
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