L’agriculture dans le gouvernorat de Monastir
Répartition des terres selon la vocation
En comparant le gouvernorat de Monastir aux autres gouvernorats du Centre-est du pays, on constate la proportion relativement importante des terres non labourables qui atteint 15.9%, contre 79.5% de terres agricoles et 4.6% de forêts et de parcours. Ces terres non labourables qui couvrent plus de 16285ha correspondent aux surfaces bâtis, aux salines et aux sebkhas, particulièrement Sebkha Moknine. Les forêts et les parcours sont relativement limités et ne couvrent que 4700ha.
La proportion des terres agricoles dans chaque délégation varie de 15.2% à plus de 93%. Elle est minimale à la délégation de Monastir ne dépassant pas 15.2% de la superficie totale de la délégation, vu l’extension considérable des espaces urbains. La part des terres agricoles est très élevée dans les deux délégations d’Ouerdanine et de Jammel, dépassant 93%. Dans les deux délégations les plus vastes, Zeramdine et Moknine, où les terres agricoles sont aussi les plus étendues en superficies brutes (18607ha et 17463ha), la proportion de ces terres agricoles par rapport à la superficie totale des délégations et en revanche moyenne et ne dépasse pas respectivement 80.3% et 73.7%. Ceci est dû à l’extension considérable des sebkhas, respectivement une partie de sebkha Sidi Heni et sebkha Moknine.
Sur un total de 81400ha de terres agricoles, 77265ha sont exploités en 2017, soit un taux d’exploitation général de 95%. L’exploitation des terres agricoles est ainsi élevée au gouvernorat de Monastir. Ces terres exploitées sont en majorité couvertes d’arboricultures (71159 ha soit 92.1%). Le reste est partagé entre les maraîchages (4.1%), les céréalicultures (3.5%) et les fourrages (0.3%). La majeure partie des superficies exploitées en arboricultures sont plantées en oliviers. En effet, sur 71159ha exploités en arboriculture en 2017, 63600ha correspondent à des oliveraies, soit une proportion de 89.3%. Si l’on va plus loin, en comparant les différentes délégations, Zeramdine inclut 19353 ha des
terres agricoles exploitées, dont 17925ha cultivées en arboricultures, soit 92.6%, suivie de Moknine avec 16789ha, dont 88.7% plantés en arboriculture. Les maraîchages, en majorité irrigués, concernent plutôt Teboulba (21.1%), Moknine (20.7%) et Beni Hassen (14.7%). Quant aux terres exploitées en céréaliculture, les deux délégations de Moknine et de Zeramdine s’en approprient de 83.7%, avec respectivement 1195ha et 1100ha.
Occupation du sol
La carte de l’occupation des sols est dominée par l’oliveraie qui cède la place aux céréalicultures en s’approchant des différentes agglomérations du centre du gouvernorat de Monastir. Ce qui attire l’attention dans la carte de l’occupation du sol de Monastir les espaces bâtis colorés en rouge qui montrent l’extension de villes dans les différentes délégations du gouvernorat. Ces villes de moyennes et de petites tailles constituent un réseau urbain autour de la ville de Monastir et autour des deux villes de Moknine et Ksar Hellal. Les parcours apparaissent particulièrement au sud des salines de Sahline et à l’ouest de la ville de Jammel. On constate une extension particulière de la culture maraîchère dans les périmètres irrigués de Teboulba et Bekalta.
Périmètres irrigués
En 2017, une superficie totale de 2395 ha de terres agricoles a été irriguée, grâce à 2903 puits superficiels et 50 artésiens. Cette superficie irriguée est en majorité publique avec 1462 ha (62%) contre seulement 933 ha privés (38%). Les trois délégations de Moknine, de Teboulba et de Bkalta s’en approprient de 1121 ha, soit environ 46.8%. En comparant les périmètres irrigués de 2017 avec ceux de 2015, l’évolution à l’échelle de tout le gouvernorat est importante avec un recul moyen de -54.3%, avec un recul plus important les périmètres irrigués publics (-59.3% pour les publics et -43.4% pour les privés). A l’échelle des délégations, l’évolution est très variable, allant de -12.7% (Ksibet Mediouni) à -65.5% (Teboulba). Cette réduction nette des superficies irriguées entre 2015 et 2017 est due essentiellement aux conditions climatiques en 2017, considérée comme une année sèche poussant les agriculteurs à sous-exploiter leurs périmètres irrigués privés, où le taux d’exploitation était faible dans les délégations souffrant d’une surexploitation de leurs nappes aquifères, ne dépassant pas 30% (Jammel), 47% (Teboulba) et 53% (Bekalta). En revanche le taux d’exploitation des périmètres irrigués privés a dépassé 164% à Zeramdine et 336% à Sahline.
Agriculture biologique
L’agriculture biologique dans le gouvernorat de Monastir est relativement peu développée. En effet, durant l’année agricole 2017-2018, la superficie agréée en agriculture biologique dans tout le gouvernorat de Monastir n’a pas dépassé 5040 ha permettant la production de 1500 tonnes d’huile d’olive et 168 tonnes d’autres produits fruitiers. La délégation de Zéramdine s’approprie d’une bonne partie de la superficie agréée (36.7%) et de la production (39.1%). Alors que la délégation d’Ouerdanine occupe le dernier rang avec seulement 9% de la superficie agréée et 8.1% de la production. Quant à la production biologique animale, on note seulement 60 ruches produisant 300 kg de miel.
Productions
La production végétale
La production végétale se partage entre les arboricultures, les maraîchages, les céréalicultures et les fourrages. La production fruitière (arboricultures) a été estimée en 2017 à 17556 t, dont 6184t d’olives (35.2%). Sa répartition spatiale par délégations est en faveur de Ouerdanine, de Zeramdine, Jammel et de Moknine, totalisant ensemble 11812t, soit 67.3% de la production fruitière totale. La production fruitière a connu une régression importante entre 2015 et 2017 estimée de -77.2%. Cette régression a touché toutes les délégations, allant à -91.3% à Beni Hassen et -91.1% à Sahline. La production fruitière totale en 2015 était de l’ordre de 77039t, dont 65742t d’olives, soit 85.3%. Ceci est dû au recul important de la production d’olives en une année sèche (2017), contre une récolte exceptionnelle d’olives en 2015. Les cultures maraichères ont a leur tour enregistré une régression générale de -47.4% entre 2015 et 2017, en passant de 169702 t à 89322 t. Les trois délégations de Teboulba, de Moknine et de Beni Hassen ont produit ensemble plus de 50000 t, soit 57% de la production totale de légumes.
Contrairement aux arboricultures et aux maraichages, les fourrages ont connu entre 2015 et 2017 une évolution positive dans certaines délégations, allant à +93.5% à Beni Hassen. Mais, à l’échelle du gouvernorat l’évolution est aussi négative (-42.5%) et peut atteindre dans quelques délégations un recul de -100% (Monastir, Ouerdanine et Bkalta).
La production animale
La production animale dans le gouvernorat de Monastir reste modeste en comparaison avec celle des autres gouvernorats du Centre-est. En 2017, le cheptel est essentiellement composé de 80000 ovins, 12000 bovins, 2700 caprins, 5000 ruches et environ 1.3 millions unités d’aviculture. La répartition par délégations du cheptel de 2017 montre une grande disparité spatiale. Les trois délégations de Jammel, de Zeramdine et de Moknine s’approprient toutes seules de 51000 têtes ovines, soit 63.7% du total. En revanche, les bovins se concentrent particulièrement à la délégation de Moknine avec 6200 femelles bovines productives, soit plus de la moitié du cheptel bovin de tout le gouvernorat. L’élevage camelin est une activité négligeable et concerne essentiellement Sahline (35 des 90 camélidés). L’activité avicole prospère bien autour des villes, notamment Ksibet Mediouni qui en a cumulé 26.6% et Moknine (17.4%).
La répartition spatiale du cheptel a beaucoup influencé la répartition de la production de viandes et de laits entre les différentes délégations. En effet, sur les 3535 t de viandes rouges produites au gouvernorat de Monastir en 2017, la délégation de Moknine s’approprie de 1450 t, soit 41%, et de 35.5% des 11350 t de viandes blanches produites la même année. Ceci explique l’augmentation progressive du rapport viandes blanches/viandes rouges en allant des délégations marginales vers les délégations littorales de Monastir.
La production du lait est aussi liée à la répartition spatiale du cheptel bovin. En effet, la délégation de Moknine, qui ne possède 51% des têtes bovines, produit 55.8% de la quantité totale du lait. Les productions de la laine, des œufs et du miel sont fortement dépendantes de la répartition du cheptel et occupent respectivement les premiers rangs à Jammel (23.4% de la laine), à Sahline (52.8% des œufs) et à Jammel (22.5% du miel). Par ailleurs, la production du lait a connu une progressioncontinue depuis 2012 avant sa légère régression en 2017. En 2017, la production du lait a commencé à reculer et s’est aggravée en 2018 poussant le gouvernement tunisien à importer du lait pour équilibrer le marché.
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